La cigarette électronique est-elle nocive pour la santé ? Les données scientifiques manquent pour répondre à cette question. Les observations sur ses effets toxiques se multiplient. Le dernier rapport indique que l’ingestion de liquides odorants peut modifier la fréquence cardiaque des rats.

Les cigarettes électroniques ou les vapoteuses attirent de nombreuses personnes pour remplacer les cigarettes traditionnelles. Ils sont parfois recommandés dans le cadre du sevrage tabagique seul ou en complément d’autres dispositifs. Les lycéens représentent une proportion importante des utilisateurs de cigarettes électroniques. Selon un baromètre de 2017, près de la moitié des jeunes de 17 ans ont déjà vapoté.

L’un des attraits des cigarettes électroniques est la diversité des saveurs qui aromatisent le liquide. Ce dernier est chauffé par la cigarette pour former une vapeur qui sera ensuite inhalée. Ces parfums, qui sont ajoutés à un solvant composé d’un mélange de 70 % de glycérine végétale et 30 % de propylène glycol avec ou sans nicotine, sont-ils sans dangers pour la santé ?

Une étude publiée dans l’American Journal of Physiology, Heart and Circulation Physiology a montré que certaines saveurs de cigarettes électroniques sont toxiques pour le cœur des jeunes souris.

Bon au goût, mauvais pour le cœur

À l’Université de Floride du Sud, une équipe de chercheurs a testé les effets de trois arômes de cigarettes électroniques: un arôme exotique qui mélange des arômes de fruit de la passion, d’orange et de goyave, un arome imitant la crème à la vanille, et un dernier capable de répliquer les céréales à la pomme et la cannelle.

La toxicité des vapeurs générées par ces trois liquides a été testée dans une série d’expériences in vitro sur des cellules musculaires cardiaques de souris en culture. Les trois aromes ont causé la mort cellulaire par apoptose ou nécrose, par rapport aux cellules exposées uniquement à des bouffées d’air, dans des proportions différentes. L’arôme de la vanille semble le plus toxique, suivi de celui de fruits exotiques.

Sur des cardiomyocytes humains en culture, les chercheurs ont testé l’effet de la fumée du « e-liquide » à la vanille sur leur activité électrique. La fumée générée par le liquide composé uniquement de solvant ne modifiera pas l’activité électrique des cellules. D’autre part, en ajoutant de la nicotine au solvant, l’activité diminue, encore plus en présence du parfum de crème à la vanille. Dans les puits de culture, les cellules exposées à une fumée aromatisée se contractent moins fréquemment que les autres cellules.

Les effets sur la santé sont toujours en discussion

Les troubles observés dans les boîtes de Pétri sont également présents chez les jeunes souris. Dans une expérience in vivo, les chercheurs ont placé des rongeurs âgés de dix semaines dans une «chambre de vapotage» où ils ont été exposés à une fumée parfumée à la vanille pendant 10 semaines, cinq jours par semaine. En conséquence, après dix semaines, les souris exposées à la fumée ont montré des fluctuations de la durée entre chaque battement cardiaque, c’est-à-dire une arythmie cardiaque. Les chercheurs pensent que la fumée affecte le contrôle nerveux autonome du rythme cardiaque.

Il est difficile de dire si ces observations peuvent être transposables aux humains. Il est nécessaire de faire des recherches sur des volontaires pour mieux comprendre quel parfum est le plus toxique. Selon Santé Publique France, environ 35% des Français pensent que les cigarettes électroniques ne sont pas aussi nocives que les cigarettes ordinaires. La littérature scientifique sur le sujet continue de croître, avec des conclusions parfois contradictoires, témoignant des incertitudes quant aux effets sur la santé des cigarettes électroniques.

Source :

USF Health
University of South Florida

Photo de Thorn Yang