Un an après la découverte de Covid-19, les scientifiques ont suffisamment de rétrospective pour déterminer la durée de l’immunité induite par l’infection virale à l’origine de la maladie. La dernière étude sur le sujet, publiée dans la revue Science début janvier, menée entre New York et La Jolla en Californie, apporte de nombreuses nouvelles données. Selon elle, les effecteurs de la mémoire immunitaire persistent plus de huit mois après l’apparition des symptômes de Covid-19.
La mémoire immunologique se construit après une première rencontre, naturelle ou induite par vaccination, avec un pathogène. Une partie des effecteurs de l’immunité travaille à éliminer le pathogène, tandis qu’une autre partie reste en retrait pour former un groupe de cellules mémoire qui seront prêtes à attaquer plus rapidement et plus intensément lors de la prochaine infection par le même virus.
L’immunité mémoire toujours en place six mois après l’infection
L’évolution de ces effecteurs a été suivie chez 188 patients atteints de Covid-19, 80 hommes et 108 femmes pendant huit mois. Les participants avaient des formes asymptomatiques, modérées (les plus courantes) et sévères de la maladie.
Au départ, les scientifiques se sont intéressés à la circulation des anticorps anti-SRAS-CoV-2. Bien qu’hétérogène chez les patients, le taux d’anticorps est resté stable dans le temps du suivi, c’est-à-dire entre 20 et 240 jours après l’apparition des symptômes. Après un mois, 98% des patients sont séropositifs pour les anticorps anti-protéine S. Après six mois, la quantité d’anticorps diminue, mais demeure présente chez 90% des participants. Leur demi-vie est estimée à 103 jours, soit un peu plus de trois mois.
De leur côté, les anticorps neutralisants, ceux qui empêchent le coronavirus de pénétrer dans les cellules, persistent également au-delà de six mois; 90% des participants restent séropositifs lors de tests réalisés entre six et huit mois.
Les scientifiques ont également analysé les cellules mémoire spécifiques du SRAS-CoV-2, les lymphocytes B, les T CD8 et T CD4. Ces cellules apparaissent bien après les anticorps, environ un mois après l’apparition des premiers symptômes (contre une dizaine de jours pour les anticorps). Après six mois, 70% des participants avaient encore des lymphocytes T CD8 actifs contre le coronavirus (demi-vie estimée à 125 jours) et 92% des lymphocytes T CD4 (demi-vie estimée à 94 jours).
Les lymphocytes B mémoire apparaissent également plus tard et commencent à se multiplier environ quatre et cinq mois après l’apparition des symptômes avant que leur nombre ne se stabilise. Les scientifiques n’ont pas mesuré la demi-vie de ces cellules, mais leur présence est très probablement permanente.
Est-ce suffisant pour se protéger des nouvelles infections ?
Ces résultats montrent qu’il existe bien une immunité anti-coronavirus, au moins huit mois après les premiers symptômes. Comment expliquer dans ce cas les cas de réinfection décrits dans la littérature scientifique ? Sur ce point, les auteurs de l’étude soulignent qu’ils ont observé une grande hétérogénéité parmi les réponses immunitaires de leur cohorte. Les réponses les plus faibles ne seraient donc pas suffisantes pour se protéger d’une réinfection par le coronavirus.
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Photo de Siarhei, Adobe Stock