« La colchicine est la nouvelle chloroquine ». Regardons de plus près cette nouvelle molécule thérapeutique.
Qu’est-ce que la colchicine ?
Un autre alcaloïde découvert par Pierre Joseph Pelletier et Joseph Bienaimé Caventou. Mais oui, rappelez-vous, nous avons déjà rencontré ces personnages dans notre histoire de chloroquine. Florian Lemaitre, maître de conférences des universités et médecin à l’hôpital universitaire de Rennes, explique dans un fil Twitter: « C’est un poison du fuseau mitotique qui bloque la division cellulaire. En tant que tel, il affecte toutes les cellules de l’organisme ».
Dans ce sujet, il nous explique également la pathologie dans laquelle elle est indiquée et comment elle est métabolisée par l’organisme : « Elle est indiquée dans le traitement de la crise de goutte principalement par son effet d’inhibition de la phagocyte mais aussi en diminuant le chimiotactisme et la production de certains médiateurs de l’inflammation. Elle est également indiquée dans la péricardite. Deux tiers de la colchicine est métabolisée par des enzymes hépatiques et un tiers par voie rénale, il existe donc un risque d’accumulation chez les patients âgés. C’est également un médicament présentant un risque d’interaction médicamenteuse. L’absorption varie considérablement d’un patient à l’autre et le médicament se diffuse très largement ».
Une molécule qui ne peut pas être facilement utilisée
Comme sa camarade chloroquine, elle a une marge thérapeutique étroite. Florian Lemaitre donne cependant une explication un peu plus nuancée : « On a entendu dire que la marge thérapeutique est étroite car la dose toxique est proche de la dose thérapeutique, ce n’est évidemment que très partiellement vrai car c’est la concentration dans l’organisme qui compte. Cela ne peut guère être prédit à l’avance, compte tenu des éléments mentionnés ci-dessus (absorption, métabolisme important, substrats d’enzymes et de pompes, élimination rénale…), cela en fait un médicament très risqué, notamment chez les patients âgés ».
Il met en garde contre l’utilisation à la légère d’un tel médicament : « Une fois dans le corps, rien ne peut l’éliminer, il n’est pas dialysable. De plus, comme le mécanisme d’action est commun à toutes les cellules, la toxicité affecte toutes les cellules. Le patient peut faire des défaillances multi-organiques. On parle donc d’un médicament très risqué qui tue plusieurs personnes chaque année. A ne pas utiliser sans surveillance médicale stricte et surtout pas sur la base d’un communiqué de presse à nouveau sans données précliniques sous-tendant le rationnel pharmacologique. »
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