Les vasectomies sont beaucoup moins susceptibles de provoquer des complications que prévu, selon une nouvelle étude britannique examinant les résultats de plus de 90 000 vasectomies pratiquées sur une période de 15 ans.
L’étude, dirigée par des chercheurs du Gloucestershire Hospitals NHS Foundation Trust, est présentée aujourd’hui au congrès de l’Association européenne d’urologie (EAU) à Milan.
Elle montre que les brochures existantes expliquant aux patients les complications potentielles sont basées sur des chiffres obsolètes.
Environ 11 000 opérations de vasectomie sont pratiquées chaque année au Royaume-Uni, la plupart dans le cadre de soins primaires par des médecins généralistes spécialisés.
L’Association of Surgeons of Primary Care, dirigée par le Dr Gareth James, a recueilli des données sur 94 082 vasectomies réalisées entre 2006 et 2021, principalement par le biais de questionnaires remplis par les patients, l’un le jour de l’opération et l’autre quatre mois après l’opération.
Plus de 80 % (environ 77 000) des patients ont rempli le premier questionnaire et un peu moins de 40 % (36 500) ont rempli le second.
M. Julian Peacock, greffier principal au Gloucestershire Hospitals NHS Foundation Trust, qui a dirigé l’étude avec M. John Henderson, chirurgien urologue consultant, a déclaré : “Ce vaste ensemble de données n’avait jamais fait l’objet d’une analyse indépendante, ce qui nous a permis de mettre à jour les taux de complications standard, dont certains remontaient aux années 1980.”
Par exemple, l’une des complications les plus importantes d’une vasectomie est la douleur chronique du scrotum, qui est citée comme affectant “jusqu’à 5 % de tous les patients” dans la brochure d’information sur les vasectomies de l’Association britannique des chirurgiens urologues (BAUS). En examinant les données les plus récentes, l’équipe a constaté que le taux n’était en fait que de 0,12 % des patients.
“La possibilité d’une douleur chronique au scrotum peut être très décourageante, d’autant plus qu’il s’agit d’une affection difficile à gérer. Nous espérons donc que ce taux plus récent donne une meilleure idée de la faible probabilité que cela se produise” a déclaré M. Julian Peacock, médecin-chef, Gloucestershire Hospitals NHS Foundation Trust.
Les risques d’infection post-opératoire et d’hématome – lorsque le sang forme un caillot dans le tissu scrotal – ont également été examinés. Les taux d’infection – considérés comme tout cas ou condition ayant été traité avec des antibiotiques – sont estimés à 2-10 % des patients dans les statistiques BAUS, mais l’équipe a constaté que ce taux était plus proche de 1,3 %.
Le taux d’hématomes chez les patients est de 2 à 10 % dans les statistiques de BAUS, mais les informations actualisées suggèrent que ce taux pourrait être de 1,4 %.
Les taux d’échec des vasectomies étaient disponibles pour 70 947 patients. Le taux d’échec précoce – c’est-à-dire le fait de trouver des spermatozoïdes mobiles après trois mois – était très légèrement plus élevé que précédemment, puisqu’il concernait 360 patients, soit 0,5 %, contre 0,4 % dans les statistiques de BAUS. L’échec tardif – qui se produit lorsque les extrémités coupées du canal déférent se rejoignent – s’est produit chez seulement 10 patients, soit 0,014 %, par rapport au chiffre de 0,05 % de BAUS.
M. Peacock a ajouté : “La vasectomie est une méthode de contraception très fiable et sûre. Ces chiffres pourraient encourager un plus grand nombre d’hommes à subir l’intervention. Nous espérons donc que nos recherches seront intégrées dans les lignes directrices qui fournissent des informations sur le conseil pré-vasectomie et les dépliants. “
Le Dr Marij Dinkelman-Smit, professeur adjoint d’urologie au Centre médical de l’Université Erasmus à Rotterdam, Pays-Bas, et membre de la section d’urologie andrologique de l’EAU, a déclaré : “Bien que les informations standard d’autres pays puissent être plus récentes, il est néanmoins très utile pour nous, urologues, de voir de vastes ensembles de données sur les perspectives des patients concernant cette procédure fréquente. En tant que spécialistes, nous voyons surtout les problèmes qui découlent des vasectomies, et il est donc important pour nous de compléter le tableau.“
Source : European Association of Urology
