La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique qui affecte toutes les parties de l’intestin. Elle se manifeste par des «épisodes inflammatoires» difficiles à prédire et d’intensité variable. L’inflammation chronique de la muqueuse intestinale peut provoquer des diarrhées, des troubles nutritionnels et même des saignements, ce qui peut affecter la vie quotidienne du patient et nécessite parfois une hospitalisation.
Environ 200 000 personnes sont touchées par cette maladie dont la cause est encore inconnue. Les scientifiques ont découvert des gènes qui augmentent le risque de développer cette dernière, mais les composants génétiques ne peuvent à eux seuls expliquer son apparition. Des facteurs environnementaux semblent être impliqués. En fait, l’inflammation modifie l’équilibre de l’intestin et celui du microbiote.
Selon des chercheurs de l’Université McMaster au Canada, le contexte inflammatoire de la maladie de Crohn est propice à l’invasion d’un E. coli spécifique, appelé E. coli adhérent invasif (ECAI).
Parmi les patients atteints de la maladie de Crohn étudiés, ce colibacille est présent dans 70 à 80%. Dans Nature Communications, ils ont décrit les facteurs génétiques qui permettent à l’ECAI d’envahir et de persister dans la muqueuse intestinale du patient.
Les scientifiques ont identifié plusieurs gènes métaboliques surexprimés lors de l’inflammation, et ces derniers permettent à cet agent pathogène de survivre et de se reproduire. Parmi eux, il existe un code pour les nanomachines, très courant chez les bactéries, à savoir le système de sécrétion de type IV (T4SS).
In vivo, dans un modèle murin qui reproduit cette maladie, les bactéries dépourvues de T4SS ne peuvent pas coloniser l’intestin, au contraire, sa présence permet aux ECAI d’adhérer à la muqueuse intestinale et de former un biofilm de protection qui les protège des antibiotiques.
De toute évidence, l’existence d’ECAI protégé dans sa matrice n’est pas propice à la résolution de l’état inflammatoire de la maladie de Crohn. Mais peut-on dire que ces bactéries sont les agents pathogènes de la maladie ?
Brian Coombes, scientifique à l’Université McMaster et directeur de cette recherche, le croit. Il a déclaré dans un communiqué de presse : « Nous pensons que l’ECAI peut être une cause potentielle de la maladie de Crohn. » Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
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